Capture d'antilopes rouannes
Mercredi, une capture de masse d'antilopes rouannes était prévue. Ces antilopes très rares faisaient l'objet d'un programme de reproduction depuis plusieurs dizaines d'années, dans un grand camp au Nord du parc. Sauf que ce programme est un véritable échec: certes dans le camp, les antilopes rouannes étaient protégées des prédateurs, mais à cause de leur confinement, dès qu'il y avait une maladie (charbon notamment), le taux de mortalité était très élevé. Il a donc été décidé de relâcher ces antilopes. Les vétérinaires devaient capturer les 20 animaux restants pour les transférer un peu plus au Sud, dans un enclos (afin qu'ils s'habituent à la nouvelle végétation) qui sera ouvert au bout de quelques semaines.
Nous sommes partis à 5h du mat, en suivant le convoi qui allait vers le camp des antilopes. Entre la poussière des chemins et la nuit noire, j'avais du mal à suivre les camions qui roulaient à 70 km/h, tout en évitant les nids de poule. Je n'en menais pas large ! À l'arrivée, nous avons pu faire le tour du boma, une sorte de gigantesque entonnoir pour capturer les animaux (je vous mets un plan dans les photos dès que possible), construit par les rangers la veille.
Après un briefing (et une prière !), les opérations ont commencé. L'hélicoptère poussait les antilopes dans le piège, et dès qu'elles y étaient, donnait le signal pour fermer la porte 1. Progressivement, les animaux étaient poussés en avant par l'hélico et les hommes à terre, et les portes 2 et 3 étaient fermées au fur et à mesure. Les jeunes antilopes étaient chargés directement dans le camion, les adultes endormis pour être prélevés.
Nous sommes donc montés en haut du camion pour tranquilliser les jeunes et les vacciner contre le charbon. Pour cela, on utilisait les trappes du toit, et de longs bâtons avec une seringue au bout. C'était sportif, car il fallait être rapide, mais on prend vite le pli. Il faut juste éviter de tomber dans le camion !
Les quelques antilopes qui n'avaient pas pu être capturées dans le boma ont ensuite été anesthésiées depuis l'hélicoptère. Dès que l'animal était endormi, nous foncions avec le pick-up pour la retrouver le plus vite possible. On bande les yeux de l'antilope pour la calmer, et on met des tuyaux sur les cornes pour éviter les blessures (car même dans leur sommeil, elle continue à être agressive). On injecte rapidement le vaccin et l'antiparasitaire, on se dépêche de faire les différents prélèvements, puis on charge l'antilope dans le camion (250 kg à soulever !).
Une fois toutes les antilopes capturées, le convoi est reparti en direction de l'enclos provisoire. Le déchargement des camions fut plus difficile qu'on pourrait croire, mais ce fut un moment magique que de voir ces animaux retrouver leur liberté. On a quand même mis un collier télémétrique sur 2 antilopes, pour pouvoir les suivre.
Nous sommes rentrées à 19h, pleines de courbatures, couvertes de poussières de la tête aux pieds et je ne vous raconte pas l'état de mes vêtements: il y avait des traces de sang, de boue, de poussières.... Mais quelle journée ! Entre les moments d'organisation, l'attente anxieuse et les montées d'adrénaline dès que les animaux arrivent, nous avons eu notre lot d'émotions !
Aujourd'hui, nous avons fait la grasse matinée (jusqu'à 6h de mat quoi !), et nous avons repris tranquillement la route pour rentrer à Skukuza. Nous avons croisé pas mal de buffles, un blaireau, des guépards (mais ils étaient difficiles à voir car allongés dans les herbes),....
Plan du boma
Le boma vu du camion
La contention d'une antilope anesthésiée
Enfin libre !